Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mon article est assez flatteur, comme vous voyez, mes enfants, dit benoîtement le colonel ; ne vous en étonnez pas trop, je l’ai retouché légèrement et j’espère que les vôtres pourront aussi vous satisfaire. Je n’ai plus besoin de vous engager à écouter désormais, vous êtes, Dieu merci ! tout oreilles.

« … Un homme dont la vénération publique couronne les dernières années, reprenait le rapport, un ancien ami de mon père, qui possède d’immenses propriétés en Corse, dans le district même où les Habits-Noirs ont eu très certainement et ont peut-être encore leur lieu de refuge, le colonel Bozzo-Corona, a bien voulu faire appel à ses souvenirs et me communiquer un certain nombre de légendes qui courent le pays de Sartène, au sujet de ce grand Lama des frères de la Merci. Le chef des Habits-Noirs ne serait autre que le plus célèbre des bandits italiens, devenu vieux. Au lieu de se faire ermite, le diable des Calabres aurait au contraire agrandi le cercle de ses méfaits et abandonné le mousquet désormais trop lourd pour prendre l’arme infernale dont je parlais tout à l’heure.

« Auprès de lui est un coquin d’espèce secondaire, mais tout particulièrement dangereux, un échappé de bagne, ancien domestique, ancien commis voyageur, actuellement agent d’affaires à Paris… »

Lecoq s’interrompit de lui-même et demanda brusquement :

— Est-ce que vous avez collaboré aussi à ma notice, papa ?