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« Quand un vol retentissant a été commis et qu’il faut laisser à l’émotion publique le temps de se calmer, la loge centrale disparaît et prend ses quartiers de repos en Corse. C’est en Corse peut-être que j’obtiendrai la suprême indication qui mettra enfin les Habits-Noirs sous la main de la justice.

« La loge centrale, pour le présent, ou du moins à la date de mes derniers renseignements, se compose du Père et de dix Maîtres. Je ne sais pas leurs noms ; les affiliés de qui j’ai acheté ou obtenu des révélations ne sont pas Maîtres et n’ont pu voir les Maîtres que sous le voile ; d’un autre côté, les employés supérieurs de la police, tout en ne perdant jamais le respect dû à ma robe, se sont obstinés dans leur scepticisme et ne m’ont prêté qu’un secours illusoire.

« Mais si je n’ai pu conquérir ni les portraits ni les noms des principaux Habits-Noirs, les renseignements touchant leurs personnes ne me manquent pas tout à fait, et je sais du moins à peu près ce qu’ils sont.

« Le Père est un vieillard du plus grand âge, puissamment riche, faufilé dans le monde de la cour aussi bien que dans les salons du faubourg Saint-Germain. L’association l’entoure d’un respect superstitieux. Son habileté tient de la sorcellerie ; on ferait un gros volume avec la série interminable des crimes qu’il a ordonnés ou commis, tout en conservant au-dehors une renommée d’inattaquable honneur et presque de sainteté… »