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violé et ses papiers, en grande partie, furent détruits.

« Quant au rapport lui-même, je doute qu’il soit parvenu jamais au garde des sceaux de cette époque ; du moins n’en reste-t-il aucune trace aux archives.

« Du mois de décembre 1816 au mois d’avril 1820, trois tentatives d’assassinat eurent lieu sur la personne de mon père, et le 22 juin de la même année, le plancher de son cabinet s’effondra pendant qu’il était assis à son bureau.

« Il demanda et obtint son changement, non point pour fuir sa destinée ; car tous ceux de ma famille savent que mon père était résigné à la mort violente qui bientôt devait le frapper, mais au contraire pour suivre la guerre engagée énergiquement, obstinément.

« Il pensait qu’une fois hors du pays de Corse, ses mouvements deviendraient plus libres et qu’il ne trouverait plus les mêmes obstacles élevés entre lui et l’autorité centrale.

« Dans le voyage qu’il fit de Marseille à Toulouse, où il devait diriger le parquet, un coup de feu, tiré derrière une haie, brisa en plein jour la portière de sa chaise de poste.

« J’étais là, bien jeune encore, ainsi que ma mère et ma sœur au berceau.

« Je fus mis au collège royal de Toulouse. Aux vacances de 1822, je trouvai mon père vieilli de vingt ans. Ma mère me dit, en pleurant, qu’à la suite d’un repas officiel à la préfecture, mon père avait failli mourir et que, depuis lors, sa santé était perdue… »