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« … Il y eut acquittement devant les premiers juges. Sur l’appel du ministère public, la cause vint devant la cour d’Ajaccio, où les frères Quattrocavalli furent acquittés pour la seconde fois, malgré un ensemble de preuves que Votre Excellence trouverait sans doute accablantes. Je tiens les pièces à sa disposition.

« Dans toute cette affaire, M. Mathieu d’Arx s’était trouvé aux prises avec des difficultés d’une nature inexplicable.

« Deux jeunes gens de la ville de Sartène, évidemment innocents à ses yeux, avaient été jetés dans la cause pour donner le change à l’instruction, et les preuves fabriquées contre eux témoignaient d’une prodigieuse habileté.

« Le jury donnait à pleine course dans cette fausse voie et l’opinion de la ville était sourdement travaillée dans le même sens. On sentait là l’effort d’une influence occulte, puis puissante, qui ne put manquer de faire sur l’esprit de M. d’Arx une vive et durable impression.

« On ne peut dire qu’il devina dès l’abord la vérité dans ses détails étranges et invraisemblables, mais il avait senti l’effet, il chercha la cause, et j’ai retrouvé dans ses papiers des notes incomplètes qui semblaient être les éléments d’un rapport analogue à celui que j’ai l’honneur de présenter aujourd’hui.

« Les notes dont je parle et que je possède encore sont rares et tronquées ; je n’ai pu en effet que glaner après la moisson faite ; car, lors de la catastrophe qui termina sa vie, le secrétaire de mon père fut