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m’était confiée et qui n’est qu’une ombre, pour m’attacher à la réalité.

« Les faits que je vais avoir l’honneur de porter à la connaissance du ministre, chef de la magistrature de mon pays, sont considérables et j’ose réclamer toute son attention. Il s’agit des Habits-Noirs, non point de ceux qui sont actuellement sous la main de la loi, mais des vrais Habits-Noirs, c’est-à-dire, selon moi, de la plus dangereuse association de malfaiteurs qui ait existé jamais.

« Votre Excellence ne vit pas dans le cercle où cette appellation est déjà populaire, et l’administration, qui serait à même de soulever le voile, semble portée à penser qu’il s’agit d’une légende de faubourg, d’une histoire à faire peur, comme il s’en fabrique dans les bas-fonds de la vie parisienne. M. le préfet de police, à qui je me suis adressé tout d’abord, n’a certes pas transgressé à mon égard les règles de la courtoisie, mais son aide m’a manqué complètement, et j’ai cru deviner qu’il me prenait pour un rêveur.

« La raison de cette erreur est simple, et je la constate tout de suite, afin que Votre Excellence ne puisse tomber dans le même piège : les Habits-Noirs n’existent pas pour la justice ; ils n’ont jamais comparu devant elle ; la base même de leur organisation les met à l’abri du glaive de la loi.

« Voilà précisément ce qui paraît invraisemblable et ce que j’expliquerai avec clarté dans le cours du présent travail.

« Une seule fois, à ma connaissance, et j’ai la pré-