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Son chapeau était de la forme dite bouzingo : haut, pointu, largement bordé, et l’on n’aurait pas pu faire le nœud de sa cravate avec une serviette.

Avec cela il aurait dû tenir à la main quelque canne triomphante, gourdin de malcontent ou badine à sculptures impossibles, mais ce détail manquait à sa toilette.

La canne qu’il avait entre les jambes aurait pu servir à un rentier du Marais ; c’était un bon gros jonc surmonté d’une pomme d’ivoire.

Il prit la parole qu’on lui donnait, et selon la recommandation du président, il raconta brièvement, mais avec une précision remarquable, la singulière histoire de voleurs qui sert de thème aux premiers chapitres de ce récit.

L’opération ainsi détaillée, depuis les moyens pris pour amener Hans Spiegel, l’homme qui avait volé les diamants de la Bernetti dans l’échoppe du prétendu revendeur Kœnig, jusqu’au passage sanglant du Marchef (le bijoutier), dans la chambre no 18, ressemblait à une mécanique construite savamment, dont on eût démonté un à un les rouages multipliés.

Tout était prévu, pesé, ajusté ; rien n’était donné au hasard, et pour que la victime marquée eût échappé à son sort il aurait fallu un miracle.

Le conseil écoutait Lecoq avec intérêt, mais sans surprise.

L’attention qu’on lui accordait pourrait être comparée à celle que les membres de nos académies donnent à la lecture d’un rapport bien fait et trai-