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La belle dame assise sur le canapé pouvait passer au contraire pour une des mains les plus actives de l’association.

Elle s’appelait Marguerite Soulas, mais elle était comtesse de Clare par légitime mariage. Nous avons raconté ailleurs[1] l’étrange histoire de cette femme qui occupa un instant une position de premier ordre dans la haute vie parisienne.

Le colonel avait l’air tout guilleret ; les rides de sa face souriaient et il y avait en vérité des teintes roses au parchemin de ses joues.

Il se frottait les mains tout doucement en regardant du coin de l’œil les papiers rangés devant lui, parmi lesquels se trouvait un assez volumineux cahier.

Juste au moment où la pendule marquait dix heures, il agita sa sonnette et dit :

— Mes petits enfants, mettons un terme aux conversations particulières. La séance est ouverte, je vous promets qu’elle sera intéressante, et comme elle peut se prolonger, donnez-moi, je vous prie, toute votre attention.

Son regard fit le tour de la chambre avec bienveillance et bonne humeur.

— Je remercie tous et chacun, reprit-il, de l’exactitude qu’on a bien voulu mettre à répondre à mon appel. Notre chère comtesse a ses petites affaires privées qui fatigueraient trois grandes coquettes, deux notaires et une demi-douzaine d’avocats ; mon neveu Corona, qui se tient là-bas dans une posture

  1. Cœur d’acier, 2e série des Habits noirs