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de cuir noir, avec deux canapés pareils placés des deux côtés de la vaste cheminée.

Au centre se voyait une table oblongue avec un tapis de drap vert, comme on en trouve dans tous les lieux où se réunissent des comités ou des conseils d’administration.

Rien ne manquait de ce qui garnit habituellement ces tables consacrées, ni l’écritoire, ni les deux sébiles rondes contenant l’une des pains à cacheter, l’autre la poudre, ni même la sonnette présidentielle, destinée à maintenir l’ordre dans les délibérations.

C’était bien plutôt, néanmoins, un conseil de famille qui entourait ce tapis vert, car le colonel Bozzo, assis au fauteuil, avait aux pieds de bonnes pantoufles fourrées et s’emmitouflait dans une chaude robe de chambre à ramages.

En le comptant, l’assemblée se composait de huit personnages, qui siégeaient pour la plupart autour de la table et dont deux seulement se tenaient à l’écart.

Nous eussions retrouvés là quelques-unes de nos connaissances, entre autres M. Lecoq et le docteur Samuel, assis à droite et à gauche du président ; mais il nous aurait fallu un certain travail d’intelligence pour reconnaître le Louis XVII de l’hôtel d’Ornans dans la personne d’un fort gaillard de trente-cinq à quarante ans qui s’accoudait sur la table en face du colonel.

On ne rencontre pas tous les jours des acteurs qui aient naturellement et complètement le physique de