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t’avons pourtant pas encore acheté beaucoup de mort aux rats, vieux Samuel !

— Comme elle est héritière de la marquise… commença le docteur.

— Vous êtes tous de bons petits enfants, interrompit le colonel, mais vous n’avez pas inventé la poudre : pas plus Lecoq que les autres, avec ses grands airs, et quand il me faudra choisir mon successeur, c’est toi que je prendrai, mon fils, tu peux compter là-dessus. Soigne bien cette jeune personne-là, entends-tu ; elle vaut pour nous trois ou quatre fois l’héritage de la marquise.

— Un joli denier, alors, fit le docteur.

— Dix fois, vingt fois l’héritage de la marquise ! poursuivit le colonel.

Il atteignit sa montre.

— Voilà huit heures qui vont sonner ; continua-t-il ; à dix heures juste, le conseil se réunira chez moi. Ne manque pas d’y venir ; tu apprendras des choses curieuses. Et maintenant, éveille-moi cette enfant-là avec précaution ; tu sais que tu me réponds d’elle !

Valentine était toujours immobile comme une belle statue couchée.

Le docteur se rapprocha d’elle, mais au lieu de lui donner le médicament qu’il avait administré jusqu’ici, il tira de sa poche un flacon et versa quelques gouttes de son contenu dans une petite cuiller.

D’un geste familier à ceux de sa profession, deux