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blance d’un pareil roman, le mariage avec un homme honorable, vont donner un éclatant démenti à des rumeurs que la malveillance seule peut colporter.

La main de la marquise lui coupa la parole en se posant sur son bras.

— Un homme honorable ! répéta-t-elle tout bas.

— Douteriez-vous de M. d’Arx ?

— Non, au contraire, mais à cause de l’estime singulière que je fais de lui, je me demande s’il nous est permis en conscience de l’engager dans une semblable union.

Pour le coup, les jambes du colonel se décroisèrent.

— Ah çà, chère madame, s’écria-t-il avec une colère admirablement jouée, allez-vous plaider contre votre propre nièce ? et vais-je être soupçonné, moi, d’attirer mon meilleur ami dans un piège ? Jusqu’à présent vous m’aviez fait l’honneur d’avoir quelque confiance en moi, vous m’accordiez en outre une certaine sagacité et je vous ai entendu dire souvent que moi seul au monde je connaissais bien Mlle de Villanove.

— Ma confiance n’a pas diminué, voulut dire la marquise, mais…

— Permettez ! il y a un raisonnement bien simple que vous auriez dû faire, chère madame. Vous auriez pu vous dire, puisque vous me faites la grâce de me regarder comme un galant homme, que si je persiste à marier votre nièce avec ce jeune homme, non seulement honorable, mais respectable, qui est