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Aussitôt qu’il eut passé le seuil, il fit un effort puissant et se dégagea de leur étreinte.

On le vit seul un instant, quoique entouré de tous côtés.

Il n’essaya point de fuir ; il croisa ses bras sur sa poitrine, éclairé qu’il était par la lueur de dix flambeaux.

— Lieutenant Maurice Pagès, dit le commissaire en faisant un pas vers lui, je vous arrête au nom de la loi.

On n’entendit pas la fin de la formule ; elle fut coupée par un cri déchirant.

Mlle de Villanove, qui avait appuyé sa tête contre le sein du colonel, venait de rouvrir les yeux et son regard s’était fixé sur le pâle jeune homme debout au milieu de la chambre.

— Maurice ! prononça-t-elle en se traînant vers lui la face livide et les yeux égarés.

Sa voix s’étranglait dans sa gorge.

La tête du jeune lieutenant, tout à l’heure si haute, s’inclina sur sa poitrine tandis qu’il murmurait :

— Fleurette !

Elle arriva jusqu’à lui et se pendit à son cou, disant :

— Tu es innocent ! oh ! tu es innocent !

— Oui, je te le jure, répondit Maurice dans un baiser : je suis innocent.

Le commissaire appela :

M. Mégaigne, M. Badoît !

Deux hommes, de ceux qui avaient escaladé le