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Valentine ne vit rien, sinon ce que son imagination en délire lui montra : un être hideux, souillé du sang de son semblable ; un assassin.

Elle poussa un cri terrible qui fit croire aux gens du dehors qu’un second meurtre avait été commis, et marcha à reculons jusqu’à la porte du corridor, que son dos heurta violemment.

Mue par son instinct, car elle n’avait plus de pensée, elle ouvrit cette porte en criant :

— Au secours ! au secours ! il est là !

Le corridor était vivement éclairé. Mlle de Villanove se trouva en présence de tous les gens de l’hôtel, qui arrivaient précédés par le colonel Bozzo, lequel tenait un flambeau à la main.

Auprès du colonel il y avait un personnage portant l’écharpe tricolore et dont la mine froide contrastait avec l’émotion générale.

C’était le commissaire de police.

Ce fut lui qui entra le premier, au moment où les gens du jardin qui avaient grimpé au moyen de l’échelle sautaient en tumulte sur le balcon.

— Où est-il ? demanda le commissaire.

Le doigt convulsivement tendu de Valentine montra le cabinet.

Il n’était pas besoin de cela.

Dans le cabinet, il y avait déjà lutte, et au bout de quelques secondes un groupe confus, formé par l’assassin et ceux qui l’assaillaient, fut poussé dans la chambre à coucher.

C’était l’assassin lui-même qui entraînait ses adversaires.