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Elle voulut s’obstiner, cherchant les paroles de sa prière, mais tendant l’oreille et retenant son souffle.

Des voix venaient, non plus de la rue de l’Oratoire, mais des terrains de Beaujon, et il lui sembla distinguer un mot qui mit de la glace dans ses veines : « Assassin. »

Le fait assuré, c’est que le bruit augmentait.

Il y avait un haut treillage qui soutenait des plantes grimpantes destinées à cacher le mur du numéro 6 de la rue de l’Oratoire.

Illusion ou réalité, les lattes de ce treillage craquèrent.

Ceci était distinct et le craquement se renouvela plusieurs fois.

Or, le treillage touchait à un grand tilleul dont le sommet dépassait de beaucoup la toiture de l’hôtel et dont les branches venaient caresser la première croisée de la chambre de Valentine.

De cette croisée à celle du cabinet un balcon régnait, reliant ainsi les trois fenêtres.

Valentine n’essaya plus de prier ; elle se mit sur ses pieds toute tremblante, étonnée et irritée de la terreur sans nom qui paralysait ses mouvements, car sa volonté était de courir au cabinet pour barricader la fenêtre, et ses jambes chancelantes refusaient de faire un pas.

Il n’y avait plus à douter, quelque chose d’extraordinaire se passait auprès d’elle ; les craquements du treillage avaient cessé, mais les branches du tilleul remuaient, secouées par un effort qui n’était pas celui du vent.