Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’était une belle nuit, la brise agitait doucement les arbres, et la lune, à travers les feuillages, glissait de blanches échappées de lumière.

Le bruit ne venait pas du jardin, qui était solitaire et tranquille.

Mais il y avait un mouvement inusité dans la maison située à droite des bosquets, en retour sur la rue de l’Oratoire.

Valentine vit des lumières courir au troisième étage de cette maison, etc, dans l’escalier, au second, il y avait une fenêtre éclairée.

En même temps un murmure de voix parvint jusqu’à elle.

— Quelque pauvre malade, pensa-t-elle en gagnant son lit.

Elle s’agenouilla pour faire sa prière, car elle n’y manquait jamais, et le premier mot de Léocadie, lorsque le colonel était venu à la baraque pour réclamer Fleurette, avait été celui-ci : « J’avais toujours eu l’idée que l’enfant n’était pas née sous un chou ; ça n’accepte jamais un verre de n’importe quoi et c’est pieux comme une petite demoiselle. »

Mais, ce soir, la prière de Valentine était distraite.

À peine fut-elle agenouillée que sa frayeur vague la reprit.

Elle regretta de n’avoir pas fermé la fenêtre.

Les bruits qui, tout à l’heure, lui semblaient naturels et dont elle avait trouvé elle-même l’explication probable lui semblaient maintenant tout autres.

La peur est faite ainsi et Valentine avait peur.