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Elle s’interrompit tout à coup et prêta l’oreille.

On eût dit que la petite porte du jardin qui donnait sur les terrains de l’ancienne villa Beaujon venait de s’ouvrir et de se refermer.

Elle regarda sa pendule, qui marquait dix minutes au-delà de deux heures.

— Il est temps de reposer, se dit-elle, cette lettre ne partira que demain. Elle sera en route pour l’Algérie quand je verrai M. d’Arx.

Elle écrivit encore :

« Au revoir donc, cher, bien cher Maurice. Désormais je vais compter les jours. Peut-être es-tu déjà en route, puisque tu as dû recevoir la lettre de Léocadie, mais j’ai craint que tu n’eusses pas confiance et j’ai voulu t’envoyer ma propre parole, signée de mon vrai nom. Je t’attends, je t’aime, et quelque chose me dit que nous aurons du bonheur. »

Elle signa et rejeta sa plume avec une sorte de colère.

— Est-ce bien vrai cela, pensa-t-elle, du bonheur ? Non, mes pressentiments sont douloureux, mais pourquoi lui faire partager ces craintes que rien ne justifie ?

Par la fenêtre ouverte du cabinet, un cri faible et lointain se fit entendre, suivi d’un bruit dont Valentine n’aurait point su expliquer la nature.

Elle était brave, elle nous l’a dit elle-même, et les faiblesses qui la tourmentaient, cette nuit, n’appartenaient point à son caractère.

Elle passa dans le cabinet pour interroger le dehors.