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Sa plume s’arrêta après avoir tracé ce mot et resta un moment suspendue.

Son sein battait ; une larme perla sous ses belles paupières baissées.

— Mon Dieu, murmura-t-elle, je vous prends à témoin, c’est la vérité que je dis : je n’aime que Maurice !

Elle déposa la plume pour échauffer sa main glacée contre l’ardeur de son front.

— Et pourtant, reprit-elle avec une sorte de désolation, la pensée de M. d’Arx est aussi en moi tenace, obstinée… mais ce n’est pas la même chose et je peux dire la main sur ma conscience : M. d’Arx et le reste du monde fussent-ils d’un côté et Maurice tout seul de l’autre, c’est Maurice qui emporterait la balance !

Deux heures venaient de sonner à l’horloge de l’hôtel.

Dans le silence de la nuit, devenu plus complet, un bruit s’était fait vers la partie orientale du jardin, du côté de la rue de l’Oratoire, mais Valentine était dominée si fortement par sa rêverie qu’elle ne l’avait point entendu.

Sa plume courait de nouveau sur le papier :

« … Mon Maurice bien-aimé, je suis descendue en moi-même, j’ai regardé jusqu’au fond de mon âme, je ne veux que toi, je suis toute à toi.

« Écoute bien, quand tu vas revenir, notre première entrevue aura lieu chez la bonne Léocadie,