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Les sièges, également en gobelins, avaient des médaillons empruntés à la vénerie moderne.

C’avait été l’appartement du fils unique de la marquise d’Ornans, qui était mort justement, disait-on, d’un accident de chasse.

Les deux fenêtres, maintenant fermées, donnaient sur le jardin, dont la lune éclairait les magnifiques bosquets.

Il y avait un grand cabinet, fermé seulement par une draperie, et dont la croisée ouverte laissait passer le bruit des feuillages doucement agités par le vent.

Mlle de Villanove était assise auprès d’un meuble de Boule, formant bureau : celui-là même dont elle avait rabattu la tablette lors de l’arrivée du colonel.

On voyait à l’autre bout de la chambre, entre les rideaux relevés de l’alcôve, le lit, dont la couverture était faite.

Valentine elle-même avait sa toilette de nuit sous le peignoir brodé qui recouvrait ses épaules, et ses admirables cheveux noirs dénoués tombaient en désordre autour d’elle.

Le colonel Bozzo venait de partir ; Valentine avait le coude appuyé sur un cahier de papier à lettre dont la première page était aux trois quarts couverte d’écriture, et sa main soutenait son front.

La lumière de la lampe éclairait vivement son visage très pâle, mais marqué, vers les pommettes, de deux taches de vermillon.

Un cercle de bistre entourait ses beaux yeux, qui avaient la fièvre.