Elle reconduisit le colonel jusqu’à la porte et la referma derrière lui.
En descendant l’escalier, le colonel fredonnait entre ses dents une petite ariette d’Italie.
— Eh bien ? demanda la marquise après avoir renvoyé Germain, son garde du corps, allez-vous me dire autre chose que : Drôle de fillette ?
— J’avais le mot sur les lèvres, répliqua le colonel. Sangodémi ! belle dame, plus drôle encore que vous ne le croyez !
— Qu’y a-t-il donc de nouveau ? vous m’inquiétez…
— Il y a une simple bagatelle : je sais pour qui était la lettre.
— Pour Remy ?
— Non, pour Maurice.
La marquise bondit sur sa chaise.
— Qu’est-ce que c’est que Maurice ? s’écria-t-elle.
— C’est un lieutenant de cavalerie.
— Un lieutenant ! répéta Mme d’Ornans avec une véritable horreur.
Le colonel consulta sa montre, qui marquait deux heures moins un quart.
— Et vous ne voulez pas, reprit-il avec un singulier sourire qu’il avait dans les grandes circonstances, vous ne voulez pas que je dise : drôle de fillette !
— Elle aime ce jeune homme ? balbutia la marquise.
— Ma foi, c’est supposable, belle dame, nous avons tous un cœur. Mais, s’il vous plaît, mettons