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— Est-ce que vous êtes couchée, mignonne ? demanda-t-il.

— Non, répondit la jeune fille.

— Ne venez-vous point à table ?

— Je n’ai pas faim.

— Alors, ouvre-moi, petite, car je suis bien vieux pour qu’une gamine de ton âge me laisse sur le carré.

Deux ou trois secondes s’écoulèrent, puis la porte s’ouvrit.

— J’aurais désiré être seule, dit Valentine, dont la voix était froide et presque rude ; que me voulez-vous ?

— On ne peut pas lancer quelqu’un dehors plus nettement, murmura le colonel, qui ajouta en la baisant au front : « Drôle de fillette ! »

Il entra et referma la porte.

Son regard s’était dirigé tout de suite vers le gentil bureau où Mlle de Villanove était naguère occupée à écrire.

Le bureau était fermé et la chaise où s’asseyait Valentine avait été remise contre la boiserie.

— Qu’est-ce que tu faisais-là ? demanda le colonel, dont l’accent était plein de paternelles caresses.

— Je pensais, répondit Valentine.

— À qui ? à ce beau Remy d’Arx ?

— Oui, répliqua encore Valentine.

— Et tu ne pensais qu’à lui ?