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— Monsieur le commissaire, on n’a pas voulu ouvrir avant votre arrivée.

La main de Maurice, qui tremblait comme celle d’un centenaire, poussa doucement le verrou à l’intérieur de la chambre de Spiegel.

Il respira, content de cette frêle barrière mise entre lui et ses persécuteurs.

Des pas nouveaux retentirent sur le carré et l’on frappa.

— Ouvrez, au nom de la loi ! fut-il dit.

Maurice recula de plusieurs pas. Deux larmes vinrent à sa paupière.

Il regarda son uniforme où il y avait du sang, car il avait essayé de relever le cadavre.

La sommation légale fut répétée pour la seconde fois, et en même temps on attaqua du dehors, non seulement la serrure du numéro 18, mais encore celle du numéro 17 : sa propre chambre à lui, Maurice.

Il se souvint de l’avoir fermée, par hasard, en rentrant.

Dans la position où il était, éloigné le plus possible de la porte, un vent froid tombait sur son crâne. Il se retourna et leva les yeux ; la fenêtre ouverte était au-dessus de lui.

Toutes les voix parlaient ensemble sur le carré parce qu’on donnait des détails au commissaire.

— Fuir, c’est avouer ! pensa Maurice.

— Nous avons un juge d’instruction, dit le commissaire, qui mène les choses un peu à rebrousse-poil. On croirait qu’il cherche des innocents au lieu