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Maurice était sorti d’un rêve insensé pour entrer dans un cauchemar plus épouvantable et plus fou.

Sa raison chancelait ; il y avait comme une paralysie sur ses membres et sur son intelligence. Pourtant, une idée essayait de se faire jour en lui, l’idée d’un complot inouï, dirigé par des gens qu’il ne connaissait pas contre sa liberté, contre sa vie peut-être.

Ces choses sont longues à raconter, mais elles se succédaient plus rapides que l’éclair.

Deux minutes ne s’étaient pas écoulées depuis le réveil de Maurice, et ce qui va suivre dura à peine quelques secondes.

La première voix qui avait parlé dans le corridor reprit :

— Moi, je ne dormais pas, j’ai entendu le commencement. L’officier du numéro 17 a d’abord forcé la porte de communication et brisé la serrure. Au premier cri j’ai éveillé M. Chopin. Quand nous sommes descendus chez le concierge, ça devait être fini.

— Oui, dit une honnête voix qui devait appartenir au maître de musique, on n’entendait plus rien.

— Le portier est parti dare-dare pour le bureau de police, et les trois garçons du boulanger qui étaient encore après le four font faction dans les terrains, là-bas, devant la petite porte du jardin de l’hôtel d’Ornans. Il est pincé comme un rat dans une ratière, le lieutenant !

Maurice appuya ses deux mains contre son front.

Il avait donné en sa vie des preuves de bravoure indomptable.