Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chambre et dans lequel un homme marchait à pas de loup.

Maurice entendait le craquement du parquet et Fleurette l’entendait aussi, car elle tournait vers la porte un regard épouvanté.

Deux coups sonnèrent à une horloge. Maurice savait bien que c’était deux heures de la nuit.

Et il se disait : Je ne rêve pas puisque j’ai entendu une heure dans les Champs-Élysées.

Le plancher cessa de craquer, mais le bruit de trois petits coups frappés à la porte vint distinctement à l’oreille de Maurice.

Fleurette se levait, tremblante, pour aller ouvrir, quand le rêve tourna tout à coup.

Une voix d’homme inquiète et contenue demanda :

— Qui est là ?

Et une autre voix répondit au-dehors :

— C’est moi, le bijoutier.

Les gens qui dorment avec la fièvre jugent leurs songes et cherchent presque toujours à repousser loin d’eux ces extravagantes illusions.

Maurice se retourna sur son lit avec colère.

Mais le rêve s’obstinait.

Une clef grinça dans une serrure et les gonds d’une porte qui s’ouvrait crièrent.

Il n’y eut aucune parole échangée entre celui qui ouvrait ainsi sa porte et le nouveau venu ; pourtant Maurice, galvanisé, se mit sur son séant et tendit avidement l’oreille.

Il ne dormait plus.

Une plainte sourde et dont il connaissait bien la