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Maurice disparut dans l’allée du second corps de logis et le concierge referma sa loge en murmurant :

— Des sauvages, je vous dis ! faudra qu’on fasse maison nette ou bien il arrivera quelque chose.

Maurice avait monté précipitamment les deux étages qui menaient à sa chambre. Il voulut mettre la clef dans la serrure, mais sa main tremblait et il ne pouvait trouver le trou.

Le carré, qui n’avait point de fenêtres, était très obscur ; une lueur passait entre le seuil et la porte du voisin.

Maurice y gratta et demanda :

— Puisque vous êtes encore éveillé, voulez-vous me donner de la lumière ?

Il n’eut point de réponse.

Il crut entendre le bruit d’une bougie qu’on souffle et la lueur disparut.

À force de tâtonner, il finit par trouver la serrure, et comme il était harassé de fatigue, il se jeta tout habillé sur son lit, sans même allumer sa lampe.

La lassitude de son corps n’était rien auprès de celle de son esprit.

Chaque fois qu’il voulait réfléchir, sa pensée le fuyait douloureusement et son intelligence était comme meurtrie.

Aussitôt étendu sur sa couche, il tomba dans un sommeil pénible, coupé par de fréquents et brusques réveils.

Quand il ouvrait les yeux ainsi, il voyait un rayon de lune découpant sur la muraille qui lui faisait