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— Les locataires de M. Chopin ! dit-il, les élèves de M. Chopin ! de l’ouvrage en masse ! mais pour des profits, cherche ! Est-ce que c’est votre habitude de rentrer à ces heures-là, mon officier ?

Maurice, qui ne l’entendait même pas, passa sans répondre.

— Bon ! continua le concierge, au moins en voici un qui est poli ! un va-nu-pieds de zéphir qui amènera on ne sait pas qui dans la maison ! Avec ça que l’autre, son voisin de carré, a une mine de revenant de Brest ! Et deux nouveaux élèves, ce soir, pour M. Chopin : un furet qui s’est glissé… où donc que j’ai vu cette figure-là ? et une manière d’ours que je n’ai pas osé seulement lui dire qu’il n’avait pas une tournure à apprendre la musique !… Je ne l’ai pas vu ressortir, l’ours mal léché… n’empêche que j’en ai par-dessus les oreilles du M. Chopin et de ses chalands ; je le dirai au propriétaire. Il n’y aurait rien d’étonnant qu’avec un va-et-vient de camarades comme ça, un malheur arriverait dans la maison.

Il se retourna vivement au moment d’entrer dans sa loge, parce qu’une voix se faisait entendre du côté de la cour.

C’était Maurice qui se promenait de long en large, les bras croisés, la tête baissée, et qui disait :

— Il est riche, il est beau, je le hais, oh ! je le hais !

— Après qui donc que vous en avez ? demanda le concierge, qui avait entendu seulement ces derniers mots.