Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tières étaient fermées, car la nuit se faisait froide à cette heure matinale.

— Gare, dit le cocher à Maurice, qui barrait la route.

Maurice s’écarta aussitôt, mais si peu que la roue le frôla en passant. Il tendit la tête avidement et son regard se heurta contre la glace de la portière, troublée par l’humidité de la nuit.

Sans savoir ce qu’il faisait peut-être, il suivit la voiture, dont son coude effleurait le panneau.

— Gare ! dit encore le cocher au moment de tourner pour prendre la chaussée.

Il enleva ses chevaux.

Maurice se mit à courir en redescendant l’avenue, puis il fut pris de honte et revint sur ses pas.

— Je suis fou ! pensa-t-il.

L’équipage roulait vers la place de la Concorde.

Maurice s’arrêta rue de l’Oratoire devant la porte du no 6.

Ses tempes étaient baignées de sueur et son cœur révolté l’étouffait à force de battre. Il se disait :

— Non, je ne suis pas fou, je donnerai de mon sang pour l’avoir vu, et pour le reconnaître entre mille, fût-ce au bout du monde !

Il frappa.

Le portier vint le regarder à travers un petit guichet grillé.

— Ah ! fit-il, voici le commencement ! c’est l’officier d’Afrique qui a pris le no 17, au second sur le derrière, et ce sera comme ça tous les jours !

Il tira le cordon.