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faire tuer, il s’engagea dans un régiment d’Afrique.

Ce soir, en quittant la cabine de la dompteuse, après deux ans d’absence, Maurice était ivre et sentait son esprit chanceler comme au premier jour où il avait adoré Fleurette.

Son entrevue avec Léocadie ne lui laissa que des impressions confuses et contradictoires.

Deux notions surtout se heurtaient dans son cerveau et y faisaient la nuit.

Fleurette l’aimait encore, elle l’avait prouvé en visitant la baraque à ses risques et périls.

Mais un autre homme occupait la pensée de Fleurette, et ses visites à la baraque n’étaient pas pour Maurice tout seul.

Que croire ?

Le côté mystérieux des renseignements fournis par Léocadie, les Habits-Noirs, les dangers, l’histoire tronquée de ce bandit sanguinaire et charitable, le chiffonnier Coyatier, tout cela papillonnait devant les yeux troublés de Maurice.

Il n’y comprenait rien et se demandait si Léocadie y comprenait quelque chose elle-même.

Un seul point clair et net faisait tache dans sa nuit comme une lame d’acier brille sourdement dans les ténèbres ; c’était un nom qui sans cesse résonnait, malgré lui, à son oreille : Remy d’Arx.

Il détestait jusqu’à la folie l’homme inconnu qui portait ce nom ; il eût donné une moitié de son sang pour voir cet homme en face de lui, l’épée à la main.

La route est interminable du Jardin des Plantes