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de s’entendre demander par ses amis et voisins des nouvelles de son fils le Parisien qui faisait parler de lui dans toutes les foires de France et de Navarre, non seulement en qualité de trapéziste, mais encore comme homme à la perche, homme à la boule, etc.

Douze mois passèrent comme un éclair.

Maurice ne s’inquiétait ni de sa famille ni du reste du monde.

Il était heureux, plus qu’un roi ; il avait dans le cœur un grand amour et la certitude d’être aimé.

Au bout d’un an, à cette même fête de Versailles qui lui avait ouvert le paradis, Maurice reçut un coup de massue.

La dompteuse lui dit un matin : « Fleurette est partie, ses parents sont venus la chercher. »

Combien de fois Maurice avait songé à cela ! combien de fois avait-il pensé que Fleurette n’appartenait point à ce monde où le hasard l’avait jetée !

Elle avait des fiertés, des délicatesses qui semblaient appartenir à une autre caste.

Elle s’était instruite elle-même : elle parlait bien, d’une voix douce et distinguée, enfin sa sagesse n’était pas seulement celle d’une pauvre fille, c’était l’honneur fier et calme de celles à qui le respect est dû.

Maurice ne prononça qu’un mot :

— Je le craignais !

Et son dessein de l’année précédente fut exécuté sur l’heure.

Il se fit soldat ; seulement, comme il voulait se