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maison du colonel, mais il passa deux fois devant la porte sans soulever le marteau.

C’était une nature soudaine en ses résolutions ; il y avait en lui de l’enfant, mais aussi de l’aventurier.

Sans savoir encore assurément ce qu’il comptait faire, il suivit son instinct qui l’attirait de nouveau vers le lieu où il avait ressenti la première, la seule grande émotion de sa jeunesse.

Tout en songeant, il fit le tour de la ménagerie ambulante.

Sur la porte de derrière, il y avait un petit écriteau collé.

Maurice s’étant approché, y lut ces mots écrits par une main qui dédaignait à la fois la calligraphie et l’orthographe : On demande un homme fort pour la perche et le trapèze.

Il eut de la sueur aux tempes, car la digne et brave figure du père Pagès passa devant ses yeux ; mais une autre image exquise, délicieuse, vint se mettre entre lui et le bonhomme : il vit les quinze ans de Fleurette, et la porte fut poussée.

Mon Dieu, oui, le sort de Maurice était de passer un engagement, ce jour-là ; au lieu de contracter avec le colonel des hussards, ce fut avec Mme veuve Samayoux qu’il s’arrangea.

Nous savons le reste, ou du moins le lecteur a dû le deviner :

Maurice, conservant un atome de prudence, ne donna que son nom de baptême, de sorte que l’ancien notaire d’Angoulême évita cette suprême avanie