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Maurice alla tout droit chez son colonel, qui était absent.

C’était la fête de Versailles.

Pour tuer le temps, notre futur hussard se rendit sur la grande place, où les saltimbanques avaient planté leurs tentes.

Nous avons dit que Maurice était fort habile à tous les exercices du corps.

Chacun va où son attrait l’appelle.

S’étant arrêté par hasard devant la baraque de Mme Samayoux, Maurice y entra, non point pour la ménagerie dont le tableau présentait d’effrayants spécimens, non point même pour la jeune fille cataleptique qui, sur le tableau encore, accomplissait ce tour merveilleux de la suspension horizontale, mais bien pour un gaillard en maillot couleur de chair qui, toujours sur le même tableau, voltigeait à trente pieds du sol autour de la barre d’un trapèze.

Il se trouva que Maurice fut trompé dans son attente ; le gymnaste si pompeusement annoncé était un pauvre diable maladroit et poltron, essayant timidement les tours que les enfants font dans les collèges.

Vous verrez que cette circonstance ne fut pas sans influer sur la destinée de notre lieutenant.

Il se trouva au contraire que la jeune fille cataleptique l’intéressa considérablement, non pas tant pour le miracle de la suspension aérienne que par les grâces de sa personne elle-même.

Nous n’avons pas ici de portrait à faire : cette