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Le père Pagès lui répondit poste pour poste que l’aveuglement des adolescents passe pour être une chose proverbiale, que les parents seuls connaissent bien ce qu’il faut à leurs enfants, et que s’il n’était pas reçu à son premier examen, lui, le père Pagès, n’enverrait plus rien à son fils indigne, pas même sa malédiction.

Il y a des révoltés de naissance, Maurice n’était aucunement de ce caractère-là ; il n’eût pas mieux demandé que d’obéir, mais il avait une tête légère, un cœur ardent et un invincible dégoût pour l’amphithéâtre.

Un délai de trois mois lui restait jusqu’aux examens.

Il prit du bon temps sans faire trop de folies, et s’endormit plutôt qu’il ne s’enivra.

Son parti était arrêté, son régiment choisi ; le dernier jour du mois où se passent les examens, il devait aller voir le colonel des hussards, en garnison à Versailles.

Donc, le 30 août 1835, Maurice Pagès, relaps de la Faculté de médecine, ayant dans son gousset la dernière pièce de cent sous qui dût lui arriver d’Angoulême gagna les Champs-Élysées et prit place dans un coucou, frété pour la ville bâtie par Louis XIV.

Justement, ce jour-là, un des trois docteurs d’Angoulême marqués d’une croix par la sollicitude du père Pagès passait de vie à trépas.

C’était la fistule.

Les deux autres battaient de l’aile.