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rait pour causer. Il y en a qui passaient pour trop bavards et qu’on ne voit plus. À bon entendeur, salut ; les autres savent qu’on en meurt, dame ! et ils se taisent.

Elle se leva la première et tendit la main à Maurice comme pour lui donner congé.

— Où demeures-tu ? demanda-t-elle en arrivant au seuil.

— Rue de l’Oratoire, Champs-Élysées, no 6, répondit Maurice.

— Est-ce à l’hôtel ?

— Non, l’Afrique n’est pas la Californie ; mes fonds sont très bas et j’étais assez embarrassé en arrivant…

— Bête que je suis ! s’écria Léocadie avec une cordiale effusion, je n’avais pas songé à cela ! tu m’as fait pourtant gagner assez d’argent autrefois, en veux-tu ?

— Merci, répliqua le jeune lieutenant, j’ai assez pour attendre jusqu’à demain, et peut-être que demain je reprendrai ma feuille de route pour Marseille. Je voulais dire que je suis forcé d’économiser parce qu’il me faut un costume civil, n’ayant plus le droit de porter l’uniforme de lieutenant.

— Et si tu t’en retournais là-bas, que serais-tu ?

— Soldat. Le bonheur a voulu que j’aie rencontré une ancienne connaissance. Vous devez vous souvenir de ce gai vivant qui venait autrefois à la baraque, et qu’on appelait le commis-voyageur ?

M. Lecoq ! s’écria la dompteuse, quel joyeux luron !