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Ceci fut prononcé à voix basse et avec une sorte d’effroi.

La pensée du jeune lieutenant avait tourné ; sa jalousie restait en éveil, mais un vif sentiment de curiosité le prenait à son insu et soulageait d’autant sa blessure.

À mesure que le débit de la bonne femme, devenait, malgré elle, plus confidentiel, Maurice écoutait plus avidement.

Il avait attendu surtout avec une sorte d’anxiété le nom prononcé par le mystérieux visiteur à qui Fleurette donnait des billets de banque.

En écoutant ce nom, il éprouva un pur et simple désappointement.

— Ce nom de Coyatier ne me dit rien, fit-il avec indifférence.

— Ça va te faire un autre effet tout à l’heure, répondit la dompteuse, qui entr’ouvrit la porte et jeta un coup d’œil sur la galerie, comme si elle eût craint les oreilles indiscrètes.

— Ça n’est jamais bien sûr, ajouta-t-elle en repoussant le battant, de parler trop haut quand il s’agit de ces gens-là. Assieds-toi un petit peu ; il y en a pour cinq minutes. Quand je t’aurai dit pourquoi le nom de Coyatier se prononce tout bas, tu en sauras juste aussi long que moi sur tous ces rébus qui me font jeter ma langue aux chiens, et tu iras te coucher si tu veux.

Elle donna l’exemple en prenant place dans un fauteuil que son poids fit frémir.

— Voilà ! reprit-elle ; la foire est un drôle de