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— Naturellement, c’est l’ordre et la marche de notre sexe.

— Mais si les choses sont ainsi, comment expliquer l’entrevue qu’ils doivent avoir demain ?

— T’ai-je dit que cette entrevue dût avoir lieu entre Fleurette et M. Remy d’Arx ?

— Ne me cachez rien, maman Léo, je vous en prie !

— Je ne te cache rien, Fanfan, mon pauvre amour, et j’en suis à regretter d’avoir eu la langue trop longue, car tu as la figure comme si tu sortais de l’hôpital ; mais je ne peux pas t’en apprendre plus long que je n’en sais moi-même.

J’ai deviné bien ou mal, voilà tout.

Une fois il est échappé à Fleurette de dire devant moi : « Pourquoi était-il en ce lieu à cette heure ? »

Une autre fois, je crus comprendre que ce Remy d’Arx, qui est procureur du roi ou quelque chose comme cela, laissant de côté ses mouchards et ses gendarmes, faisait seul dans la forêt de Paris une de ces parties de chasse où l’on peut laisser sa peau. Tu me diras que M. Vidocq est pour ces battues-là et qu’il faut laisser à chacun son métier, mais le Remy d’Arx est piqué au jeu, et il paraît qu’avec son air sévère il est plus hardi qu’un zouave. Je ne sais pas le nom de l’homme qui doit venir demain et qui est déjà venu, il a mauvaise mine et travaille pour de l’argent : j’ai vu Fleurette lui donner un billet de banque ; ce dont il est question dans leurs entrevues, je l’ignore, on m’éloigne, mais j’ai surpris un mot, un nom : Coyatier.