Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pose bien que cet homme-là est dans les mystères, je crois deviner qu’il partage le danger. Elle cherche un défenseur, pourquoi n’étais-tu pas là ?

— J’y suis, fit le jeune lieutenant ; allez toujours.

— À la bonne heure ! tu te retrouves. On va pouvoir causer. Les hommes qui s’évanouissent, vois-tu, moi, ça me fait mal. Est-ce bien fini ?

— Oui, c’est bien fini.

— Alors, je commence : on ne vient pas comme cela, le soir, toute seule, derrière le Jardin-des-Plantes sans risquer d’avoir quelque aventure. Ce n’est plus la Chaussée-d’Antin, dis donc ; passé neuf heures, le quai, depuis l’hôtel-Dieu jusqu’ici, ne sert pas de rendez-vous aux gants jaunes, ah ! mais non ! J’aimerais mieux traverser la forêt de Bondy. Il y a donc qu’elle prenait ce chemin-là et qu’elle laissait son fiacre de l’autre côté de la place Walhubert, rapport au cocher qui ne devait point savoir où elle allait. Tu n’as pas trop à te plaindre, en définitive, puisque c’est pour toi qu’elle venait. Eh bien ! elle a eu son aventure, pas bien grosse à ce qu’il paraît, la moindre des choses : cinq ou six morveux qui voulaient l’affronter. Mais ça suffit pour poser un homme en jeune premier rôle.

Maurice ferma les poings.

— Attends qu’il soit là pour prendre la garde du boxeur français, bibi, dit la dompteuse en riant. Aurais-tu mieux aimé qu’on la laissât se débattre avec cette racaille ?

— Et c’est l’homme en question qui la défendit ? murmura Maurice.