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— Je n’ai accusé personne, d’abord, interrompit la veuve Samayoux.

— Ce rendez-vous dont vous avez parlé…

— Je n’ai pas parlé de rendez-vous. Ce n’est pas chez moi qu’elle donnerait des rendez-vous, et si elle en donne, je n’en sais rien, garçon. J’ai dit une seule chose et je ne m’en dédis pas : demain elle ne vient pas ici pour toi.

— De la manière dont vous l’aviez dit, maman, soupira Maurice prompt à se rassurer, j’avais compris qu’elle venait pour un autre que moi.

— Et tu avais bien compris, dit la veuve d’un accent ferme, mais doux ; sois homme un petit peu. Fleurette vient ici demain pour un autre que toi.

— Mais alors ?

— Mais alors c’est tout. Il y a cela et pas autre chose : Mlle Valentine a des secrets pour moi tout en se servant de moi. En aura-t-elle pour toi, je n’en sais rien, c’est ton affaire. Tu me reproches d’avoir parlé ; peut-être que tu as raison, mais je suis femme, après tout, et je me connais. Ne te fâche pas si je me compare à celle que tu aimes ; les femmes comme moi ne sont pas les plus mauvaises des femmes : ça ne les gêne pas de se jeter à l’eau ou dans le feu quand il s’agit de prouver leur dévouement. Essaye et tu verras si je dis vrai.

Mais c’est égal, petit, se reprit-elle en changeant de ton, justement parce que je me connais, je n’ai pas confiance dans les femmes.

Maurice la regardait d’un air épouvanté ; il demanda tout bas :