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change pour moi en vinaigre. Eh bien ! le reste, parbleu ! ça se devine assez, à savoir qu’elle est là-bas comme un bijou dans du coton, mais que les aises de l’opulence ne suffisent pas au bonheur. Faut que l’âme ait ce que son cœur désire. Et qu’elle n’y pouvait plus résister, et que, bravant tous les périls, elle avait quitté le domicile de sa duchesse ou baronne pour monter dans un sapin et venir à la découverte…

— Mais a-t-elle bien dit qu’elle m’aimait ? insista le jeune lieutenant.

— Jusqu’à la mort ! répondit noblement Mme Samayoux, et que ça ne se terminerait qu’à son dernier soupir !

— Quel ange vous faites, maman ! murmura Maurice. Mais, voyons, elle n’a pas été sans vous donner quelques renseignements sur elle-même ?

— J’ai assez demandé, bibi, ça me tenait de savoir les détails, car je n’avais plus entendu parler de rien depuis que le vieux monsieur était venu, tu te souviens, celui qu’on appelait le colonel et qui avait l’air d’une momie d’Égypte à ressorts. Je n’ai pas à me plaindre de lui, bien sûr ; en emmenant Fleurette, dont il avait tous les papiers dans sa poche, il me fit un mignon cadeau, mais ça, c’est de l’histoire ancienne. Je vas te dire en bref tout ce que la petite m’a dit, et tu seras aussi savant que moi : elle s’appelle maintenant Valentine de son petit nom…

— Valentine ! répéta Maurice, dont la voix était une caresse.

— Ça te plaît, c’est bon, Fanfan. Elle est heu-