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— Attaque la chose du lion marin, et vivement !

Échalot, obéissant, murmura :

— S’il n’y a pas d’autre ouvrage, la patronne, je prendrais sans répugnance la peau du phoque et je descendrais dans le baquet, quoique votre dernier poisson n’a pas duré longtemps, à ce qu’on dit.

— Ça, ma vieille, répliqua Mme Samayoux, qui était désormais impatiente et prêtait l’oreille à tous les bruits du dehors, je n’en veux plus, rapport à la police, qui dit que c’est immoral de tenir un homme dans l’eau du matin au soir à manger de la limande crue. Le fait est que mon ancien lion marin est mort perclus à force de rhumes de cerveau. J’y ai donc renoncé au nom de l’humanité, quoique ce soit un spectacle agréable qui plaît aux deux sexes et qui rapporte un joli bénéfice à la direction.

Elle écarta sans façon Similor pour ouvrir la porte et regarder sur la place.

Similor s’approcha vivement d’Échalot.

— Enlève-moi ça, lui dit-il, c’est un emploi sédentaire et où on n’est pas foulé d’ouvrage. La grosse a envie d’un lion marin pour corser son affiche, ça se voit ; dis-lui que tu manges du poisson faisandé avec plaisir et que de rester assis dans l’eau toute la journée ça fait partie de ton tempérament… et demande quarante sous d’arrhes.

À ces dernières paroles, les yeux du pauvre Échalot brillèrent :

— Patronne, s’écria-t-il, je sollicite l’emploi nonobstant ses dangers !

— Le chérubin se fait diantrement attendre, grom-