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Le dandy passa sa manche sur le feutre chauve de son chapeau gris et répondit :

— Mon nom est Similor, assez connu dans Paris, mon prénom Amédée, comme le vieux l’a spécifié. Je suis pour la danse des salons avec tous mes brevets en règle, pour la canne, le bâton et les caractères, poses plastiques, tableaux vivants, grosse caisse si on veut et jeune premier dans la comédie.

J’ai de l’œil, j’attire les dames et je fais des avant-scènes.

Léocadie avait lâché la queue de la casserole pour le regarder bouche béante.

— Drôle de tête, dit-elle avec son gros rire bienveillant et franc. Ah ! tu fais des avant-scènes, toi, l’enflé ? il n’y en a pas chez nous.

— Chez vous, répartit Similor avec une imperturbable confiance, j’amorcerais les petites bourgeoises en civil et les bonnes d’enfants sous l’habit militaire.

— Comme de juste, approuva l’homme modeste, qui tourna la tête pour se moucher discrètement dans le coin de son tablier.

Il y avait de l’admiration dans la gaieté de Mme Samayoux.

— J’en ai vu de bien cocasses en foire, murmura-t-elle, mais ceux-là sont de première qualité. À ton tour, pharmacien ; cause, ma poule.

— Vous croyez plaisanter, patronne, répliqua l’humble compagnon de Similor, eh bien ! vous avez mis dans le cinq cents : j’ai pratiqué avec succès la