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fourneau rivé à la cloison et sur lequel chantait une casserole munie de son couvercle.

C’était encore une chambre à coucher : on voyait l’alcôve avec son petit lit qui semblait incapable de contenir la maîtresse de céans, les robes plus ou moins fatiguées qui pendaient dans la ruelle et la table de nuit avec ses accessoires effrontément démasqués.

C’était enfin une salle à manger, puisque la table était dressée pour deux convives.

Et c’était, par-dessus le marché, un cabinet de toilette, comme l’affirmaient le pot à l’eau, la cuvette, les peignes, les brosses et d’autres ustensiles plus intimes encore.

Comme si tout cela n’eût point suffi pour encombrer un espace si exigu, un filet régnant au-dessous du plafond soutenait du linge, des paquets de guenilles pailletées, des légumes, des fruits, des bouteilles, des bottes, des chaussures de femme, une guitare et un vieux parapluie.

Léocadie Samayoux, vaste comme une tour, mais leste et alerte, semblait fort à son aise au milieu de ce tohu-bohu. C’était maintenant une femme de trente-cinq à quarante-deux ans, dont la figure trop virile gardait des restes de beauté.

Son teint éclatait de fraîcheur, quoiqu’il eût peut-être des nuances écarlates trop foncées, et ses petits yeux avenants riaient avec une franchise tout à fait communicative.

Quoiqu’elle fît en ce moment office de femme de chambre et de cuisinière, son costume n’était pas