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fièrement ses portes à l’abri d’un écriteau annonçant qu’il y aurait le lendemain, jeudi, grande représentation à l’usage des habitants de Paris, des voyageurs étrangers et de MM. les élèves des collèges.

L’intérieur de la baraque lui-même était solitaire et silencieux ; toute la troupe avait congé, à l’exception des gardiens de la ménagerie, qui dormaient au-devant des cages.

Une lumière brillait cependant à la croisée de la maison montée sur roues qui attenait à la baraque, et on aurait pu voir du dehors la forme véritablement athlétique de Léocadie passer et repasser derrière les carreaux.

L’endroit où elle se démenait ainsi était d’aspect assez original pour mériter une courte description.

Cela ressemblait assez, par le peu de hauteur du plafond et par l’exiguïté des proportions, aux cabines des grands bateaux qui naviguent en Seine et dans lesquelles il n’est pas rare de voir une nombreuse famille manger, dormir, faire son ménage en un lieu où le moins exigeant des ouvriers parisiens refuserait de coucher tout seul, crainte d’asphyxie.

C’était un peu plus large pourtant et beaucoup plus caractéristique : il y avait là de la prétention au luxe et une sorte de vaniteux étalage que contrariait un désordre sans nom.

C’était un salon, car deux fauteuils en acajou flanquaient un petit canapé de bois peint, recouvert d’une magnifique housse de perse à ramages.

C’était aussi une cuisine, comme le témoignait un