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les et ne voulut point lier son sort à celui d’un autre époux.

— Il pourrait arriver un accident, disait-elle, et ça donne trop d’embarras.

Par suite de cette impériale détermination, elle eut tour à tour une foule de premiers ministres qui ne s’appelaient, il est vrai, ni Poniatowski, ni Orloff, ni Potemkin, mais qui, jouant à peu près le même rôle, arrivaient et passaient selon le caprice de son excellent cœur.

L’empire prospérait, cependant, et au mois de septembre 1838, nous retrouvons Mme veuve Samayoux installée avec sa ménagerie, toujours la première de l’Europe, dans les terrains voisins de la place Walhubert où l’on allait bâtir la gare du chemin de fer d’Orléans.

Son établissement, nouvellement réchampi, semblait un palais au milieu des baraques voisines, et portait, aux deux côtés de la galerie où se faisait la parade, deux énormes affiches qui déclaraient hardiment que les animaux du Jardin-des-Plantes n’étaient que du petit bétail à côté des bêtes féroces et curieuses de Mme veuve Samayoux, première dompteuse, première somnambule et première chanteuse des cours de Portugal et du Nord réunies.

Il était environ neuf heures du soir.

Quelques pauvres diables de saltimbanques essayaient de battre la caisse et de monter un boniment pour le public rebelle qui ne venait pas dans ce quartier perdu.

La baraque de Mme Samayoux, au contraire, fer-