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planches faussées de la carriole, qu’elle soutint tout le temps qu’il fallut pour remonter un autre essieu.

Samayoux aurait pu lui donner de l’or, en faible quantité, il est vrai, car sa caisse était basse ; il préféra lui offrir sa main et son cœur.

Sans cet événement, la jeune fille, qui avait nom Bastienne, aurait vécu et serait morte dans les choux.

Au lieu de cela, Jean-Paul, après l’avoir épousée devant Dieu sur la grande route de Saint-Brieuc à Rennes, la baptisa Léocadie, lui conféra le casaquin pailleté de la défunte et la nomma première dompteuse des principales cours de l’Europe.

Ce fut un ménage modèle ; Léocadie, qui était une belle personne, malgré sa vigueur extraordinaire, ramena dans la maison roulante la bonne chance avec la gaieté.

Elle rendit ce brave Jean-Paul si heureux, qu’à la fête de Louis-Philippe, en 1832, il put remplir en foire le rôle de l’homme colosse et offrir au public le spectacle toujours attrayant de 150 kilogrammes de graisse, bourrés dans une peau humaine.

Quant à Léocadie, elle luttait à main plate avec son ours et portait son tigre comme un veau sur ses épaules.

Elle aimait à s’exercer aux heures de récréation, et Samayoux, pour sa santé, lui donnait volontiers la réplique.

C’étaient alors entre eux de joyeux tournois, où les coups, amicalement échangés, mais appliqués de