Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/108

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Sur le quai du Jardin-des-Plantes ! fit Remy, qui croyait rêver. Serait-il possible !

— Oui, sur le quai, le long du jardin. La jeune fille portait un voile que les étudiants en goguette voulaient lui arracher ; elle cherchait à rejoindre sa voiture qui l’attendait à quelques pas de là, mais les jeunes fous lui barraient le chemin. Un passant entendit ses cris par bonheur… et par un plus grand bonheur, le passant était de ceux qui peuvent être timides vis-à-vis d’une femme, mais qui deviennent des lions en face du danger. Il tomba sur les insulteurs comme la foudre, et c’est à peine si la jeune inconnue, reconduite à sa voiture avec respect, eut le temps de balbutier quelques mots de reconnaissance.

— Dois-je donc croire que c’était vous ? prononça tout bas Remy.

— Vous devez le croire, monsieur d’Arx, puisque du fond du cœur je vous remercie en vous donnant le droit de me demander pourquoi moi, Mlle de Villanove, j’ai eu besoin de votre secours, à cette heure et en ce lieu.

Remy porta la main qu’il tenait à ses lèvres.

— Je douterais de moi-même, dit-il avant de vous soupçonner. Rien ne vous forçait de faire allusion à un événement qui était si loin de ma pensée.

— Vous vous trompez, répartit Valentine, dont la voix devint grave ; à mes yeux, la recherche d’un homme tel que vous est un très grand honneur et un très grand bonheur. J’ai voulu vous apporter ma réponse moi-même pour vous dire non seulement quel