Page:Féval - L’Arme invisible, 1873.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

guérit, mais elle ne fut jamais comme tout le monde.

L’événement romanesque qui a tenu notre Valentine éloignée si longtemps du monde où elle devait vivre vaut deux ou trois douzaines de danses de Saint-Guy. Loin de nous plaindre, en définitive, nous devons remercier la Providence qui, au lieu d’une de ces filles grossières, peuplant les lieux où Valentine a passé sa jeunesse, nous a fait retrouver une ravissante créature, originale, c’est vrai, mais où est le grand mal ? volontaire, mais tant mieux ! elle sera la maîtresse dans son ménage ; bonne, enfin, pas plus ignorante qu’une autre demoiselle de son âge ; se tenant bien quand elle veut, éblouissante d’esprit quand elle daigne être en belle humeur, et honnête avec cela comme toute une congrégation de petites puritaines !

— Certes, certes, fit la marquise consolée par un mouvement d’orgueil, elle a bien gagné depuis qu’elle est avec moi, et, dans notre cercle, je ne vois aucune jeune personne qui puisse lui être comparée. Mais cette imagination d’aller chercher un tête-à-tête avec M. d’Arx est d’une force !…

— Comme tout ce qu’elle fait, chère amie, ni plus ni moins. Elle va droit devant elle à la manière des sauvages, et c’est le plus court chemin si on en croit la géométrie.

Ce qui vous semble une énormité ne sera pas même remarqué, pour peu que vous laissiez aller les choses.

Vous demandiez tout à l’heure : « Que va-t-elle