Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/535

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

guerite posait le verre vide sur le guéridon, au moment où il rentrait.

— Il n’y a personne, n’est-ce pas ? murmura-t-elle. C’est la peur. Et c’est bien vrai que vous m’êtes cher, plus cher depuis cette entrevue, car la peur que j’ai ne se rapporte pas toute à moi. Elle est pour vous, surtout pour vous !

— Ma vie entière, dit Léon de Malevoy, qui ne trouvait point de paroles pour rendre la profondeur de son émotion, sera consacrée à vous payer la joie de cet instant !

— La joie ! répéta-t-elle amèrement. Votre vie entière…

Elle appuya les deux mains du jeune homme contre son cœur et ajouta d’un accent plein d’angoisse :

— Je vous dis que j’ai peur !… Une fois qu’ils étaient là réunis, dans la chambre de la comtesse, il y a déjà longtemps, l’homme qui était leur chef alors, le PÈRE, M. Lecoq de la Perrière, dont vous avez su la mort terrible, parla de vous et du mercredi des cendres. Ils ont un système dont ils ne se départent jamais : pour chaque crime ils livrent à la justice un coupable. Vous deviez vous battre avec celui qui est mort, Monsieur de Malevoy…

— Mais il n’est pas mort ! l’interrompit Léon.

— Qu’en savez-vous ? Il y avait en