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V

Les toilettes de Marguerite.


C’était une belle joueuse, cette Marguerite Sadoulas, une vraie Marguerite de Bourgogne ! Vous la verrez au théâtre de la Porte-Saint-Martin, quelque jour ! Elle n’enlevait aucune carte à ses adversaires. À quoi bon ? elle avait ses cartes à elle, toutes faites.

Loin d’entraver le tournoi, elle ouvrait les barrières toutes grandes. Voyez quel délicieux paradis elle avait donné à Roland et à Nita pour leur première entrevue d’amour ! Et comme elle avait aplani les obstacles sur leur route ! Et comme aussi elle avait éloigné de leur tête-à-tête jusqu’au bourdonnement des voisins importuns.

Sous le masque, on trouve aisément la solitude au milieu de la foule ; Marguerite savait bien cela, elle qui avait porté tant de masques. C’est égal ! dans sa complaisante sollicitude, elle avait sablé de fin les moindres rugosités de la route, et sur le sable, volontiers, eût-elle ajouté un lit de feuilles de rose.

Ah ! c’est qu’il ne lui fallait point, aujourd’hui, des amoureux à la glace ; elle avait fait dessein de chauffer au rouge, cette nuit, la tiède atmosphère de cet honnête faubourg Saint-Germain.

Elle avait besoin pour son drame de deux jeunes premiers nerveux, alertes, dispos, ardents. Tout ce qui pouvait allumer leur sang et leurs sens lui était bon. Qu’est une