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— Je vais vous retenir un quadrille avec elle. Voulez-vous ?

À ce moment, Léon sentit la pression d’une main sur son bras. Il se retourna : deux dominos noirs allaient lentement dans la foule, un homme et une femme.

La femme dit à Léon :

— Prends garde : ne joue pas avec le feu !

Ceci pouvait être une allusion au « volcan. »

— Mon feu ne brûle pas, beau masque ! répondit la comtesse gaîment.

Léon cherchait et se demandait à qui appartenait cette voix qui ne lui était pas inconnue.

Les deux dominos avaient disparu.

La comtesse avec Léon, la princesse avec Roland, s’éloignèrent dans des directions opposées.

À la porte du billard où ils arrivèrent bientôt, Nita de Clare et son Buridan ne trouvèrent point d’obstacle. La consigne n’était probablement pas pour eux. Le maître de cérémonies s’effaça dès qu’il les vit approcher. Ils entrèrent.

Derrière eux, mais assez loin pour ne les avoir point vus, le domino noir qui avait dit à Léon : « Ne joue pas avec le feu, » et son cavalier, masqué jusqu’au menton, voulurent pénétrer à leur tour dans l’aile réservée.

Le maître de cérémonies, debout en travers de la porte, salua et dit :

Mme la comtesse vous prie de l’excuser.

Les deux dominos noirs échangèrent quelques mots à voix basse et s’éloignèrent.

La comtesse, qui venait de quitter le bras de Léon en lui disant : à bientôt, appela d’un signe de tête son joli vicomte Annibal et se dirigea vers la porte de sortie.

— Ils ne se rencontreront pas désormais ! murmura-t-elle. J’y ai pourvu !

Puis elle ajouta :

Mlle de Malevoy est dans le bal, le docteur Lenoir aussi. C’est une bataille rangée !