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Des oiseaux, une cohue d’oiseaux de taille surnaturelle qui foisonnait et qui jouait dans cette nuit épaisse, sans faire entendre aucun ramage.

Les deux hommes qui avaient collaboré pour éteindre le réverbère, celui du premier étage et celui de la rue se rejoignirent sur le pavé. Ils fouillèrent dans leurs poches qui rendirent un bruit de ferraille et attaquèrent incontinent la serrure de la maison Jaffret.

C’étaient des enchanteurs. Leurs mains étaient fées. Au bout d’une minute la porte céda.

Ils entrèrent tous deux. Leurs pas muets ne sonnèrent point sur les dalles, tandis qu’il passaient devant la loge du concierge. Ils étaient chaussés tous deux de lisière, quoiqu’ils fussent, du reste, bien couverts, et parussent appartenir, à la classe des « Messieurs ».

Ils montèrent l’escalier du premier étage, restèrent une minute juste à la porte du carré de Jaffret, et redescendirent, laissant la porte ouverte.

Arrivés en bas, ils traversèrent la rue de nouveau et passèrent le seuil de Cœur-d’Acier. Là, dans l’ombre, on entendit compter quelque argent, puis une voix mâle qui pouvait appartenir à M. Baruque, dit :

— En vous remerciant Monsieur Cocotte et Monsieur Pique-Puce.

Une autre voix ajouta :

— Le reste nous regarde. En avant, marche ! Le temps fuit ; car il a des ailes !

M. Cocotte et M. Piquepuce remontèrent bras dessus bras dessous la rue de la Sorbonne.

Par la porte de l’atelier Cœur-d’Acier, la foule des gigantesques oiseaux, — le rêve de cet infortuné Jaffret — fit irruption sur le pavé. La chaussée fut traversée avec des sauts prodigieux, des bonds invraisemblables, des battements d’ailes qui ne se peuvent peindre, — et le rêve s’engouffra dans l’allée proprette de la maison neuve.

L’horloge de Sorbonne sonnait une heure après minuit.