Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/26

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


III

Marguerite de Bourgogne et le troisième Buridan.


Roland, s’étant acquitté ainsi de sa commission, revint au logis.

— Chut ! dit Mme Marcelin, la voisine, au moment où il entr’ouvrait avec précaution la porte de la chambre de sa mère. Elle dort.

La voisine était une bonne grosse femme de trente-cinq à quarante ans, qui regardait Roland avec un sourire de mentor. Elle était fière de son élève et ne se plaignait pas trop d’en être réduite au rôle de confidente, depuis l’avènement de Marguerite Sadoulas, premier roman de notre héros. Les élèves, d’ailleurs, manquent-ils jamais aux maîtresses habiles ? La voisine avait un excellent cœur ; elle veillait la malade par-dessus le marché. Mme Thérèse aimait la voisine, parce qu’elle la trouvait toujours prête à parler de son fou, de son chéri, de son Roland adoré.

Aujourd’hui Thérèse et la voisine avaient causé longuement de Roland, puis, Thérèse s’était endormie avec le nom de Roland sur les lèvres.

Roland était un peu soucieux. Il avait bien réfléchi en revenant de la rue Cassette. Les cris de la trompe et les mille voix du carnaval n’avaient pu troubler sa méditation dont le résultat était naturellement ceci :

— Il y a un mystère ; mais Marguerite est pure comme les anges !

En somme, ce beau Roland n’avait que