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Attrape !

— Et par vous, rectifia Rudaupoil, ah ! mais !

Militaire exhala un large soupir.

— Elle a mal fini, murmura-t-il, mais elle avait du zest ! Je pense à elle annuellement, à la périodicité de la fête de M. Cœur. L’étranger ne voulut pas de Mademoiselle, il eut raison à cause des mœurs. Néanmoins, Monsieur et Madame l’installèrent dans le pavillon du bout à faire des portraits et des paysages, et des frivolités qui sont jolies, si on veut, mais qui ne valent rien en foire.

M. Cœur est un vrai peintre, voilà tout ! laissa tomber Baruque solennellement.

— Rien en foire ! répéta Gondrequin. La preuve, c’est qu’ayant été institué à l’unanimité, Cœur-d’Acier en chef et patriarche de l’atelier après le décès de M. et Mme Lampion, arrivé d’après les lois de la nature, par suite d’excès habituels et ripailles indéfinies, M. Cœur a eu la bonté de nous donner ici et là un coup de fion à nos toiles. C’était superbe. On croyait qu’on allait gagner des sommes. Nisco ! Les clients, quand ils ont vu des jambes en proportion, des yeux posés d’ensemble et des bras bien d’aplomb se sont fâchés tout net, disant :

— Est-ce qu’on nous prend pour des bourgeois ?

Par conséquence, M. Cœur est l’honneur et le lustre de l’atelier ; mais ne faut pas qu’il y touche ! Tout va bien, pourvu qu’il ne mette pas la main à la pâte. La foire veut ça ; le génie y remplace l’éducation. Vive tout de même M. Cœur ! pour le jour de sa fête !

La voix de M. Baruque ne se mêla point à l’acclamation générale qui ponctua le discours de Militaire. C’était pourtant un fanatique de M. Cœur. Depuis quelques secondes, il ne s’occupait plus de son rival et ami M. Gondrequin. Le groupe au centre duquel pérorait Similor attirait de nouveau son attention. Pendant que Gondrequin, changeant de sujet, parlait avec tristesse à ses rapins de loups-cerviers, de